Le marathon et les femmes : de l’aberration au succès

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marathon sport femmes histoireDans les années 90, 6% à 7% des participants de marathons étaient des femmes.

Aujourd’hui à l’arrivée, c’est presque 10 000 « finisher » qui terminent la course !

Si c’est spectaculaire en France, ça l’est bien plus aux États-Unis, comme à Boston ou à Chicago, où 40% à 45% de femmes qui participent…

Fait marquant, lors du marathon de New York en 2014, dans une catégorie d’âge (18 – 29 ans), le nombre de femmes était majoritaire.

D’où vient le phénomène de la course à pied féminin ?

En 1967, Katherine Switzer s’inscrit au marathon de Boston en signant de ses initiales (K. V. Switzer), car à l’époque, si l’on avait su qu’il s’agissait d’une femme, elle n’aurait probablement pas reçu de dossard !

Elle commence donc sa course, mais quelques kilomètres après le départ, l’organisateur Jock Semple s’aperçoit qu’il y a une femme dans sa course… « Ignominie ! »

Du coup l’homme lui court derrière pour lui arracher son dossard et pour la dégager de la course en criant  » “Get the hell out of my race and give me those numbers!” (« Sors de ma course et rends-moi ton dossard »).

Ce qu’il ignorait, c’était que son copain de l’époque Tom Miller un footballeur américain a repoussé fortement l’organisateur en dehors de la course.

Elle termina l’épreuve, quelque peu traumatisée raconte-t-elle.

Elle est devenue écrivaine par la suite et devint également l’égérie du sport féminin par cette revendication féministe à exiger que les femmes puissent faire du sport comme les autres.

Incroyable !

Katherine Switzer marathon Boston 1967
Altercation entre Katherine Switzer et Jock Semple durant le marathon de Boston en 1967

« Les femmes ne sont pas faires pour le sport ! »

Il n’y a pas si longtemps que cela, il était commun de penser (aussi aberrant que cela puisse paraitre de nos jours), que les femmes avaient une constitution fragile et que cela ne leur permettait pas de faire des exploits.

Que disait-on des femmes dans sport à l’époque :

  • Si les femmes faisaient de la course à pied, elles seraient stériles
  • Puis que si elles ne devenaient pas stériles, en tout cas elles ne pourraient pas enfanter par les voix naturelles
  • Puis que finalement elles pourraient accoucher, mais pas allaiter
  • Etc.

Aucune base scientifique ne validait ces thèses farfelues de l’époque bien entendu.

De la course à pied au cyclisme : même combat

Des discours du 19ème siècle sur les femmes et le cyclisme paraissent drôles aujourd’hui avec notre vision moderne.

À l’époque on disait que la position en selle déclencherait chez les cyclistes femmes, des pulsions sexuelles irrépressibles et l’on craignait que dévorées par le désir elles ne tombent ou pire encore, qu’elles ne mettent en danger les passants sur le trottoir.

Un médecin du sport s’exprime sur la pratique du sport par les femmes :

Extrait d’un documentaire sorti à l’automne 2015 signé Pierre Morath « Free to run ».

Ce médecin explique donc qu’une femme qui fait du sport ce n’est pas beau, un critère purement esthétique :

Les arguments physiologiques de l’époque :

Dans les années 70, le Docteur Ludwig Prokop (commission médicale du C.I.O) déclarait :

« Le sport enlaidit la femme, raidit son corps, rend sa voix plus grave et, dans certains cas, fait pousser des moustaches ou de la barbe »

Pourquoi un tel jugement des femmes dans le sport ?

Durant la guerre froide, tout était bon pour se faire valoir sur la scène internationale, y compris remporter un maximum de titres et de médailles.

De ce fait, on a vu arriver des athlètes féminines très masculines. On a alors pu penser à l’époque que le sport virilisait les femmes, mais en réalité, c’était les produits dopants qui avaient cet effet.

C’était perturbant pour les observateurs de l’époque de voir arriver des athlètes comme la Tchécoslovaque  Jarmila Kratochvilova, qui a toujours le record du 800 mètres actuellement et qui arborait une silhouette très masculine.

À l’époque elle argumentait en disant que c’est sa vie campagnarde qui lui a valu ces muscles… mais en vieillissant elle est redevenue une petite femme fluette (CQFD). Il s’agissait plutôt de la prise d’hormones, de stéroïdes.

Du sport au changement de sexe :

Aussi étonnant que cela puisse paraitre, cette imprégnation d’hormones a perturbé toute une génération d’athlètes, à tel point qu’il existe de rares cas de personnes qui ont choisi à la fin de leur carrière de changer de sexe, comme Heidi Krieger, une lanceuse de poids devenu en fin de carrière Andreas Krieger.

Le changement :

Pour la course à pied féminine, il a fallu attendre les jeux de Rome en 1960 pour avoir des distances supérieures à 400 mètres (comme le 800 mètres).

Pour le marathon, il faudra attendre 1984, aux J.O de Los Angeles pour le premier marathon olympique féminin.

Conclusion :

Tout ceci porte à sourire et pourtant c’était il y a un peu  plus de 30 ans seulement…

Quand vous chausserez vos baskets pour aller courir, en salle, dehors, en marathon ou autre, gardez tout ceci en mémoire cela devrait vous donner une rage de vous surpasser ! 😉

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2 Commentaires

  1. Article passionnant ! Il est vrai qu’aujourd’hui le sport a su se féminiser et cela n’est pas plus mal

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